Je me faisait la réflexion du caractère inquantifiable des illusions qui nous entourent…
C’est un peu dingue quand on y songe non ?
Il paraît que le monde n’est qu’illusion. C’est pas faux, en ce sens que les illusions occupent une grande partie de notre perception du monde. Des phénomènes des biais cognitifs, jusqu’aux découvertes en neuroscience, l’étude des mirages qui nous distordent la réalité est loin d’être finie.
Dans nos pratiques exploratoires telles que l’auto-hypnose, on a aussi intérêt à s’interroger sur les illusions qu’on entretien, pas toujours pour de bonnes raisons et pas forcément en état de conscience modifiée.
Dans notre état, a priori “normal” nous nous accommodons souvent de schémas qui influencent notre perception. Par exemple, cet état que l’on pense “normal” est-il vraiment “normal” ? Par rapport à quelle norme psychologique nous considérons-nous comme étant dans notre état “normal” ?
En réfléchissant à des formes d’illusions assez récurrentes, et donc potentiellement un peu universelles, j’en ai identifié (arbitrairement) trois : la vérité, la stabilité et la maitrise.
N’étant moi-même ni psychologue ni neuroscientifique, je n’en cause que par curiosité et amusement. J’ai décidé de ne pas parler des biais cognitifs en tant que tel, sinon cet article eut été trop long…
Alors “la vérité“, donc, en voilà une illusion ! Ce que l’on tient pour vrai est omniprésent dans notre rapport au monde et je n’ose pas imaginer l’angoisse que cela peut être de douter de tout. Je crois que cela s’appelle le nihilisme, en tant que courant de pensée, et peut-être “paranoïa” en temps que trouble mental (même si la paranoïa ne consiste pas à tenir tout pour faux mais à s’imaginer souvent d’autres vérités). Je vais vous épargner l’analogie de l’éléphant que vous connaissez sans doute (sinon tapez “les 6 aveugles et l’éléphant” dans google), la vérité est multiple et dépens de notre point de vue. Là ou la vérité peut devenir vraiment embêtante c’est quand on s’en sert dans un état d’esprit de jugement, qui est l’état d’esprit le plus anti-créatif qui soit je vous le rappelle. Derrière cet emploi de “la vérité” se cache la notion de “fatalité” et là, avec le mot “fatalité”, en matière d’impasse intellectuelle, on est pas mal…
La stabilité, elle, est une illusion qui nous est aussi tellement, mais tellement nécessaire ! Notre cerveau est sans cesse entrain de se faire croire que la situation est stable. On piste instinctivement le petit détail qui a changé dans notre environnement, qui pourrait nous déstabiliser, et on essai d’identifier tout ce qui pourrait causer du déséquilibre… Notre cerveau est presque une machine à nous inventer de la stabilité. C’est pour ça qu’on a tout intérêt à prendre conscience de ces “missions” que le cerveau se donne, si on veut inviter ce dernier à inventer d’autres choses que des point de repères rassurants et stabilisateurs 😉
Enfin la maitrise, le sentiment de contrôle des évènements, les explications qu’on peut se raconter qui nous rendent responsable des très bonnes décisions prises par le passé ou, forme plus négative, responsable de tout ce qui nous arrive comme malheurs (c’est une dynamique inverse mais c’est aussi le sentiment de contrôle). La volonté de maîtrise de la situation, c’est lourd à porter, ça nous rend lourd aussi vis-à-vis des autres, c’est dur de voir au delà mais c’est une telle libération de l’esprit quand on apprend à s’en détacher. Être capable, quand on vit quelque chose d’heureux ou de malheureux, de ne pas attribuer ça à notre “contrôle” des évènements, nous permet de comprendre beaucoup plus de choses. Quoi de plus stressant que de vouloir contrôler la situation sans y parvenir ?
Voilà pour une première velléité à se défaire d’ “illusions” que chacun pourra facilement identifier. Je me languit d’aborder avec vous bientôt le thème des biais cognitifs. En tout cas c’est un sujet passionnant qui peut nous donner le sentiment qu’on vit avec un pourcentage de lucidité plutôt… réduit ! Mais ça nous laisse deviner les prises de consciences qu’on pourrait encore vivre, comme autant de fenêtres sur une réalité, hallucinante et pourtant tout-à-fait accessible.
